LA CDHC, SON IDENTITE ET SON TRIPLE MANDAT
L’institution nationale des droits de l’homme (INDH) du Cameroun a connu une évolution majeure avec l’adoption de la loi No 2019/014 du 14 Juillet 2019. Cette loi augure la création d’une nouvelle institution dénommée « Commission des Droits de l’Homme du Cameroun » (CDHC)
Suivant cette loi, la CDHC est une institution indépendante de consultation, d’observation, d’évaluation, de dialogue, de conciliation et de concertation en matière de promotion et de protection des droits de l’homme. Elle jouit d’une personnalité juridique et de l’autonomie financière.
LES TROIS MANDATS DE LA CDHC
La CDHC suivant la loi de 219, est dotée de trois mandats :
- Promotion des droits de l’homme
- Protection des droits de l’homme
- Prévention de la torture en faisant office de Mécanisme National de Prévention de la torture du Cameroun, en abrégé « MNPT »
MANDAT DE PROMOTION DES DROITS DE L’HOMME
- la vulgarisation des instruments juridiques des droits de l’homme·,
- la sensibilisation du public sur diverses thématiques relatives aux droits de l’homme, y compris la question du genre, ainsi que les droits des groupes vulnérables
- la recherche, l’éducation et la formation en matière des droits de l’homme·,
- la coopération en matière des droits de l’homme ;
- le plaidoyer en faveur de l’amélioration du cadre juridique et institutionnel de promotion des droits de l’homme.
Pour cela elle mène les activités suivantes :
- mène des campagnes de sensibilisation, d’information et de communication pour éduquer le public ;
- contribue à l’éducation et à l’enseignement des droits de l’homme dans tous les cycles de formation et dans les milieux socioprofessionnels
- organise des séminaires, ateliers, conférences sur les thématiques des droits de l’homme
- recueille la documentation et encourage la recherche en matière des droits de l’homme
- produit et publie des documents, rapports et outils de sensibilisation
- fait le plaidoyer auprès du Gouvernement et du Parlement pour la signature, l’adhésion ou la ratification des instruments juridiques régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme,
- contribue à l’élaboration des rapports périodiques de l’Etat sur1a situation des droits de I’homme.
MANDAT DE PROTECTION
La Commission contribue à la consolidation de l’Etat de droit et à la lutte contre l’impunité en matière des droits de l’homme à travers, notamment :
- le traitement des requêtes et dénonciations relatives aux allégations de violation des droits de l’homme
- l’auto-saisine pour les faits portés à sa connaissance, qui sont de nature à constituer des violations graves, récurrentes ou systémiques des droits de l’homme;
- le suivi de la situation des droits de l’homme ;
- les avis et conseils en matière des droits de l’homme.
Dans le cadre ce mandat, la Commission peut :
- demander aux autorités compétentes de procéder à toutes perquisitions et exiger la présentation de tous documents ou toutes preuves conformément à la législation en vigueur ;
- saisir le Ministre chargé de la justice des cas de violation des droits de l’homme par elle constatés ;
- user du dialogue, de la médiation et de la conciliation entre les parties dans les matières non répressives ;
- fournir une assistance en justice ou prendre des mesures pour la fourniture de toute forme d’assistance, conformément aux lois en vigueur;
- procéder à des investigations dans le respect de la législation en vigueur notamment en :
- effectuant toutes descentes nécessaires ;
- accédant à tout lieu où des cas de violation des droits de l’homme sont allégués ;
- recueillant toutes informations nécessaires ;
- solliciter des autorités compétentes qu’il soit mis fin aux violations des droits de l’homme constatées
- solliciter le cas échéant l’assistance des forces de l’ordre dans le cadre de l’exercice de ses missions, conformément à la législation en vigueur ;
- intervenir le cas échéant devant toute juridiction en qualité d’amicus curiae. Dans ce cas, une requête écrite est adressée au Président de la juridiction compétente avant toute décision au fond. L’amicus curiae peut développer son argumentaire oralement ou par écrit ;
- participer au suivi de la mise en œuvre des recommandations formulées par les mécanismes internationaux et régionaux des droits de l’homme, y compris les organes des Traités ratifiés par le Cameroun.
MANDAT DE PREVENTION DE LA TORTURE
La Commission :
- effectue des visites régulières de tous les lieux de privation de liberté ;
- engage un dialogue constructif avec les autorités chargées de l’administration et de la gestion des lieux de privation de liberté ou toute autre autorité
- participe au suivi de la mise en œuvre des observations formulées par le Sous-Comité de la Prévention de la Torture des Nations Unies.
Les lieux de privations des libertés comprennent :
- les cellules de garde à vue des unités de police et de gendarmerie
- les établissements pénitentiaires ;
- les centres fermés d’encadrement des jeunes ;
- les zones de transit aux frontières terrestres maritimes et aéroportuaires
- les zones de rétention douanière ;
- les centres psychiatriques et les hôpitaux ;
- les cellules ou locaux disciplinaires des forces de défense et de sécurité
- les véhicules d’escorte des détenus ;
- les cellules de garde à vue des Parquets ;
- tous autres lieux où des personnes pourraient être détenues.
Dans le cadre de ses missions de prévention de la torture, la Commission :
- procède de manière régulière aux visites inopinées ou notifiées des établissements pénitentiaires et de tout autre lieu de privation de liberté en présence, en tant que de besoin, soit du Procureur de la République, soit du Commissaire du Gouvernement ou de son représentant, soit du responsable du lieu de privation de liberté considéré. Dans tous les cas, le Procureur de la République ou le Commissaire du Gouvernement, selon le cas, est informé de la visite projetée ;
- mène des entretiens privés, avec ou sans témoins, avec les personnes privées de liberté, ou toute autre personne ou entité qu’elle estime appropriée. Les informations recueillies au cours de ces entretiens doivent rester confidentielles et ne peuvent en aucun cas être rendues publiques ;
- formule des recommandations à l’attention des autorités compétentes afin d’améliorer le traitement et la situation des personnes privées de liberté et de prévenir la torture ;
- formule, à la demande du Gouvernement, des observations sur la législation en vigueur ou sur les projets de loi en matière de prévention de la torture
- participe au suivi de la mise en œuvre des observations formulées par le Sous-Comité de la Prévention de la Torture des Nations Unies
- coopère avec le Sous-Comité de Prévention de la Torture, les Mécanismes Nationaux de Prévention de la Torture étrangers et autres mécanismes nationaux, régionaux et internationaux en matière de prévention de la torture.
Un Numéro vert pour dénoncer les cas de violations et abus :
Le 1523 est le numéro vert à appeler en cas de dérives liées aux droits humains. C’est le numéro mis en place par la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC) pour soumettre toutes requêtes, écouter, assister et orienter les usagers