Peu de temps après notre rassemblement de l’année dernière, le COVID-19 a déferlé sur la planète. La pandémie a mis en évidence les liens qui unissent notre grande famille humaine, mais aussi ceux qui relient les droits humains dans toute leur diversité, qu’ils soient civils, culturels, économiques, politiques ou sociaux.
" Le COVID-19 a non seulement creusé les fossés qui nous séparent, aggravé les vulnérabilités et renforcé les inégalités, mais aussi ouvert de nouvelles lignes de faille, y compris en termes de droits humains. Les violations se multiplient pour former un cercle vicieux. Des centaines de millions de familles ont vu leur vie bouleversée par la perte d’un emploi, par l’accumulation des dettes, par l’effondrement des revenus.
La pandémie a affecté de manière disproportionnée les femmes, les minorités, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, les réfugiés, les migrants et les peuples autochtones. Des années de progrès en matière d’égalité des genres ont été réduits à néant. Pour la première fois depuis des décennies, l’extrême pauvreté gagne du terrain.
La jeunesse souffre : leur éducation a été interrompue et nombre d’entre eux n’ont qu’un accès limité aux nouvelles technologies. L’incapacité d’assurer un accès équitable aux vaccins représente une nouvelle faillite morale. À eux seuls, dix pays se sont partagés plus de trois-quarts des doses de vaccin contre le COVID-19 administrées à ce jour.
L'équité en matière de vaccins représente une étape décisive dans la réalisation des droits humains. Le nationalisme vaccinal nous renvoie en arrière. Les vaccins doivent être un bien public mondial, accessibles et abordables pour tous. Le virus s’attaque aussi aux droits politiques et civils et réduit davantage encore les espaces civiques d’expression.
Brandissant la pandémie comme prétexte, les autorités de certains pays ont pris des mesures de sécurité sévères et adopté des mesures d’urgence pour réprimer les voix dissonantes, abolir les libertés les plus fondamentales, faire taire les médias indépendants et entraver le travail des organisations non gouvernementales.
Des défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des militants, et même des professionnels de la santé, ont fait l’objet d’arrestations, de poursuites et de mesures d’intimidation et de surveillance pour avoir critiqué les mesures – ou le manque de mesures – prises pour faire face à la pandémie".
Antonio Gutarres, secrétaire général de l'ONU